Saint du Jour 22 Octobre - Pape St Jean Paul II - Né avec le Nom de Karol Wojtyla en Pologne - 1er Pape Non Italien en 400 Ans!

Karol
Wojtyla nait à Wadowice le 18 mai 1920, second fils d’un père militaire
et d’une mère institutrice. Deux ans plus tôt, la Pologne recouvrait
l’indépendance politique perdue à la fin du 18e siècle.
Karol Wojtyla
a été marqué dans sa jeunesse par la disparition de tous ses proches.
Il est âgé de 9 ans quand sa mère décède. Quelques années plus tard, son
frère aîné meurt prématurément. Puis le père meurt en 1941. Ces
épreuves familiales ont pris place dans un contexte historique
difficile. Karol Wojtyla a partagé le sort d’une Pologne
particulièrement atteinte par les drames du 20e siècle. En 1939, la
Pologne perd à nouveau son autonomie avec sa partition entre l’Allemagne
nazie et l’URSS.
Après la guerre, elle connaîtra le totalitarisme communiste jusqu’en 1989.
Le
pape Jean-Paul II visitera la Pologne communiste dès le début de son
pontificat en 1979, puis de nouveau en 1983 et en 1987. Les
rassemblements populaires suscités par ses visites, son soutien
explicite au syndicat Solidarnosc, auront joué un rôle décisif dans la
chute du pouvoir communiste en Pologne (1989), premier acte de la
débâcle du bloc de l’est. L’action polonaise de Jean-Paul II aura été
une des illustrations d’un pontificat marqué par les droits de l’homme
et la propagation des conflits armés. En 1979, dès sa première
encyclique, Jean-Paul II déclarait : « La paix se réduit au respect des
droits inviolables de l’homme […], tandis que la guerre naît de la
violation de ces droits et entraîne encore de plus graves violations de
ceux-ci ».
L’un des derniers combats de Jean-Paul II aura été son
opposition au déclenchement de la guerre en Irak par les États-Unis. Le
13 janvier 2003, devant le corps diplomatique accrédité auprès du
Saint-Siège, il déclarait : « Non à la guerre ! Elle n’est jamais une
fatalité. Elle est toujours une défaite de l’humanité« .
L’expérience ouvrière dans la Pologne occupée : la préoccupation sociale du pontificat
Avant
d’entrer au séminaire, Karol Wojtyla a suivi des études de lettres, à
l’université Jagellon de Cracovie. Le travail obligatoire imposé par
l’occupant nazi interrompra ses études. A partir de la rentrée de 1940
et pendant presque 4 ans, Karol Wojtyla travaillera comme ouvrier dans
une carrière de pierre d’abord, puis dans une usine chimique. Jean-Paul
II gardera de cette expérience une grande préoccupation pour les
problèmes sociaux. En 1979, lors de son voyage au Mexique, il déclarait
aux ouvriers de Monterrey : « Je n’oublie pas les années difficiles de
la guerre mondiale où j’ai moi-même fait directement l’expérience d’un
travail physique comme le vôtre […]. Je sais parfaitement combien il est
nécessaire que le travail ne soit pas source d’aliénation et de
frustration, mais qu’il corresponde à la dignité supérieure de l’homme« .
Dans
l’encyclique Centesimus annus (1991) Jean-Paul II met également en
garde contre une forme radicale de capitalisme : « La solution marxiste a
échoué, mais des phénomènes de marginalisation et d’exploitation
demeurent dans le monde, spécialement dans le Tiers-monde, de même que
des phénomènes d’aliénation humaine, spécialement dans les pays les plus
avancés […]. Il y a même un risque de voir se répandre une idéologie
radicale de type capitaliste qui refuse jusqu’à leur prise en
considération, admettant a priori que toute tentative d’y faire face
directement est vouée à l’insuccès, et qui, par principe, en attend la
solution du libre développement des forces du marché.«
Le jeune
ouvrier n’a pas renoncé aux activités culturelles. Il intègre une troupe
théâtrale d’avant-garde qui déploiera ses activités dans la
clandestinité. Karol Wojtyla écrira plusieurs compositions poétiques et
théâtrales dont certaines, comme la pièce La boutique de l’orfèvre, ont
eu par la suite un écho en dehors des frontières polonaises. La création
littéraire n’aura pas été délaissée par Jean-Paul II : il sera le
premier pape à publier un recueil de poésies (Triptyque romain, en
2003).
L’occupant nazi comme plus tard le pouvoir communiste
cherchera à briser les racines culturelles de l’identité polonaise. Les
activités estudiantines et théâtrales de Karol Wojtyla constitueront une
forme de résistance à l’oppression idéologique et politique. Devenu le
pape Jean-Paul II, il déclarera le 2 juin 1980, à l’UNESCO à Paris : «
Je suis fils d’une Nation qui a vécu les plus grandes expériences de
l’histoire, que ses voisins ont condamnée à mort à plusieurs reprises,
mais qui a survécu et qui est restée elle-même. Elle a conservé son
identité, […] non en s’appuyant sur les ressources de la force physique,
mais uniquement en s’appuyant sur sa culture. »
Cette histoire
personnelle rencontrait la conviction du concile Vatican II. Celui-ci
faisait de la culture l’enjeu essentiel d’une rencontre entre l’Église
et les hommes. Jean-Paul II aura donc fait de la culture un axe majeur
de son pontificat. En 1982, il crée le Conseil pontifical pour la
culture, et en 1993, il lui intègre le Conseil pontifical pour le
dialogue avec les non-croyants (créé par Paul VI en 1965). La création
de ce nouveau dicastère, présidé depuis le début par le cardinal
français Paul Poupard, recevait la mission de promouvoir la rencontre
entre les cultures et l’Évangile. Là encore, aux yeux du Pape, un
caractère de résistance était attaché à cette mission. En décembre 2000,
Jean-Paul II déclarait : « Une culture qui refuse de se référer à Dieu
perd son âme en même temps que son orientation, devenant une culture de
mort. » (Message pour la 34e Journée mondiale de la Paix).
Sacerdoce et vie intellectuelle : un pontificat face aux défis de la foi
Karol
Wojtyla entre en 1942 au séminaire de Cracovie. Du fait de l’occupation
nazie le séminaire était réduit à la clandestinité. Karol Wojtyla a
donc conservé son emploi d’ouvrier pendant les deux premières années de
séminaire.
Le 1er novembre 1946, l’archevêque de Cracovie, Mgr
Sapieha (que Pie XII venait tout juste de créer cardinal) ordonne prêtre
Karol Wojtyla, et l’envoie poursuivre ses études à Rome, à l’université
pontificale de l’Angelicum. À Rome, le père Wojtyla sera hébergé au
séminaire belge, ce qui lui vaudra de conserver une grande aisance en
français. Après avoir soutenu sa thèse en juin 1948 sur le mystique
espagnol saint Jean de la Croix, il sera rappelé à Cracovie début 49,
pour y exercer une activité pastorale. En 1953, il soutiendra une thèse
sur le philosophe allemand Max Scheler, à l’université polonaise
Jagellon, fermée l’année suivante par le pouvoir communiste. Professeur
vacataire à l’université de Lublin en 1954, il devient titulaire de la
chaire d’éthique en 1957.
Le pape Jean-Paul II écrira une encyclique
sur les fondements de la théologie morale (Veritatis splendor, en 1993),
et une autre sur les rapports entre foi et raison (Fides et ratio, en
1998).
Les occupations intellectuelles du père Wojtyla ne l’ont pas
empêché de développer une activité pastorale. Celle-ci s’est orientée en
direction des jeunes. Jean-Paul II aura conservé, sa vie durant, une
réelle proximité avec les jeunes qui s’exprimera de façon
particulièrement forte à travers les Journées Mondiales de la Jeunesse
ou « JMJ » (dont Paris en 1997, Rome en 2000 et Toronto en 2002). Ce
contact privilégié avec la jeunesse aura comporté une double note de
confiance et d’exigence. Aux participants des « JMJ » de Rome, Jean-Paul
II déclarait : « Il ne vous sera peut-être pas demandé de verser votre
sang, mais de garder la fidélité au Christ, oui certainement ! […] En
l’an 2000, est-il difficile de croire ? Oui, c’est difficile ! On ne
peut pas le nier. C’est difficile, mais avec l’aide de la grâce c’est
possible. »
Évêque au moment du concile : un pontificat marqué par Vatican II
Le
père Wojtyla est ordonné évêque auxiliaire de Cracovie le 28 septembre
1958. Comme tout évêque catholique, il est convoqué au concile Vatican
II, ouvert par le pape Jean XXIII le 11 octobre 1962, et clôturé par le
pape Paul VI le 7 décembre 1965. Mgr Wojtyla sera invité à apporter sa
contribution personnelle au Concile, en étant impliqué dans le travail
de rédaction de la constitution pastorale Gaudium et spes.
C’est
pendant le Concile, le 13 janvier 1964, que Paul VI nomme Mgr Wojtyla
archevêque de Cracovie. Le nouvel archevêque prendra ses fonctions le 8
mars 1964. C’est encore de Paul VI que Mgr Wojtyla recevra le
cardinalat, le 28 juin 1967. Du 7 au 13 mars 1976, Paul VI invitera le
cardinal Wojtyla à prêcher les exercices de carême de la Curie romaine.
Paul VI meurt le 6 août 1978. Mgr Wojtyla est cardinal électeur et prend
part au conclave : Jean-Paul Ier est élu le 26 août 1978. Celui-ci
meurt un mois plus tard, le 28 septembre 1978. Le cardinal Karol Wojtyla
est élu pape le 16 octobre 1978.
Le pape Jean-Paul II se fixera
comme objectif la mise en œuvre du concile Vatican II. Le lendemain de
son élection, il déclarait : « Nous voulons tout d’abord souligner
l’importance permanente du IIe Concile oecuménique du Vatican, et ceci
signifie pour nous l’engagement formel de l’appliquer soigneusement. »
C’est dans cette perspective que Jean-Paul II réformera le droit de
l’Église catholique par la promulgation du nouveau Code de droit
canonique, en 1983. Il aura encore voulu offrir un exposé des
fondamentaux de la foi catholique, par la publication du Catéchisme de
l’Église catholique en 1992. C’est encore l’héritage du concile qui
explique l’attachement de Jean-Paul II à l’effort œcuménique.
L’encyclique Ut unum sint de 1995, ouvrant aux communautés chrétiennes
non catholiques la discussion sur les modalités d’exercice du ministère
pontifical, en sera l’un des signes marquants. Les efforts de
rapprochement avec le judaïsme et le dialogue interreligieux seront
aussi des aspects du pontificat à situer dans la perspective du Concile.
À l’égard du judaïsme, Jean-Paul II posera des gestes hautement
symboliques, dont l’objectif sera de favoriser le rapprochement avec
l’Église catholique1. À cette fin, Jean-Paul II a conduit un « examen de
conscience » au sujet des fautes commises à l’encontre des juifs au
cours de l’histoire de l’Église2. En outre, Jean-Paul II aura donné une
visibilité au dialogue interreligieux par exemple à travers sa rencontre
avec des jeunes musulmans au grand stade de Casablanca, en 1985, sa
visite à la mosquée des Omeyyades à Damas, le 6 mai 2001, et encore les
deux rencontres de prière interreligieuse à Assise, en 1986 et en 2002.
Tous ces actes procédaient de la conviction du pape Jean-Paul II que le
déploiement de l’héritage conciliaire était la manière adéquate de faire
entrer l’Église catholique dans le 3e millénaire.
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